Souvenir lointain et pourtant encore bien ancré.
Je n’étais pas vraiment stressée pour l’avoir, je voulais avoir une mention. Je l’ai eu avec mention bien. Le jour des résultats, mes parents savaient que j’avais le bac parce que c’était inimaginable de ne pas avoir le bac. Quand j’ai annoncé « j’ai le bac avec mention bien » la réponse que j’ai reçu n’est pas félicitations ou juste bravo ou encore mieux nous sommes fières de toi. Non, la réponse que j’ai entendu était « tu aurais pu faire mieux que ton frère et avoir la mention très bien ».
Après nous sommes rentrés à la maison, le champagne était déjà au frais. Nous avons invités la famille pour fêter ça.
Le lendemain je rentrais à l’hôpital pour me faire opérer. Je ne l’ai pas fêté avec mes copains d’école. Je ne l’ai pas savouré.
C’est quoi le bac ? C’est son premier vrai examen d’école. C’est l’ouverture à des « grandes écoles ».
Que serais-je devenue si j’avais écouté mes profs ?
Au collège, je serai devenue prof de musique. J’étais en classe option musique. Je pratiquais le piano en cours particulier et à l’école. J’ai eu l’image de la prof de musique, vieille fille, jouer de la flûte à bec. Alors j’ai pris la porte du conservatoire et mon dossier d’inscription pour me sauver loin.
La période du collège est longue, très longue. Alors toujours au collège, je serai devenue « RIEN ». J’ai entendu toute une année : « Arrête de sourire bêtement, tout le temps. Tu es nulle, tu es bonne à rien. Si tu n’as pas de meilleurs notes, tu seras punie et tu iras faire un CAP » C’était leur moyen de pression.
Et pourtant c’est bien de faire un cap et d’apprendre un métier.
Alors j’ai fini par comprendre qu’il fallait faire ce qu’ils me demandaient pour qu’ils me fichent la paix et montrer que je ne suis pas aussi bête qu’eux. J’ai eu les bonnes notes, j’ai fait ce qu’ils voulaient.
Au lycée, je travaillais tellement bien que j’avais toujours les félicitations. Si j’avais écouté mes profs je serai devenue pharmacienne. Au mot « prépa pharmacie » mes parents ont dit « non tu ne feras pas une prépa ».
Alors, je suis restée dans les sciences en faisant un bac technologique, pour manipuler avec mes mains et j’ai aimé. J’ai eu des profs marquants que j’ai aimé -plus ou moins.
Ils étaient passionnés et concrets, avec eux j’ai appris des tas de choses passionnantes. Je me rappellerai toujours de la prof de français. Elle m’a donné le goût des livres. Avant elle, je ne lisais jamais, juste le résumé. Depuis mon année de première je n’arrête plus de lire.
J’ai fait pleurer la prof au bac français avec mon résumé sur un livre autobiographique.
Suis-je littéraire ou scientifique ? Finalement les deux, j’ai besoin d’apprendre tout le temps dans tous les domaines.
Je suis à part, je ne suis pas dans les cases demandées et ça me va.
En études supérieures, c’était fatigant, je n’étais pas en bonne santé. Mais je travaillais. Je faisais le maximum par passion et pour montrer aux anciens profs et aux parents que je n’étais pas bête.
Un professeur m’a prise en grippe, il m’a traité devant toute la classe : « L’handicapé, si t’es malade, pars parce que tu prends la place de quelqu’un d’autre ». Je ne l’ai jamais pardonné. J’ai eu mon diplôme au la main et lui ai fait un pied de nez.
Après ? Les écoles que je visais étaient chères ou loins. C’était en dehors de mes moyens. Alors j’ai arrêté et j’ai travaillé.
J’ai voulu rentrer dans la police scientifique. Heureusement, ma taille m’a sauvé et je n’ai pas eu le concours. La cause « trop petite, 1m58 au lieu de 1m60 minimum ». Je dis heureusement car avec le recul, je pense que je n’aurais pas été heureuse dans la police.
Puis mon but était de faire de la recherche, chercher quoi ? Aucune idée
Au final, je suis artisane et le CAP de punition m’aurait bien servi.
Je ne regrette rien, j’ai appris et j’ai laissé le reste.
Quand j’ai décidé de me former pour me reconvertir. J’ai poussé la porte d’une école – ou plutôt j’ai cliqué sur « Envoyer le mail » – pour apprendre un métier que je voulais faire. Comme j’étais « assez » diplômée je n’avais pas besoin de repasser les matières générales. Mais il fallait quand même retourner sur les bancs de l’école. Je n’en avais franchement pas envie. Un responsable de l’école m’a dit : « vous savez chez nous le plus important pour apprendre votre futur métier, c’est les stages. C’est en stage que vous allez tout apprendre ».
Alors je suis allée directement en stage chez des artisans qui voulaient bien transmettre leur métier. Ça n’a pas plu à pôle emploi que je ne passe pas par le parcours classique.
À la fin de mes stages je pouvais passer le CAP en candidat libre. « Non merci » Maintenant que je suis libérée et que j’ai compris qu’on pouvait aussi apprendre autrement, je n’ai pas très envie d’avoir un diplôme supplémentaire. En revanche, tout ce temps gagné je le consacre pour continuer d’apprendre, je continue d’aller en stage. J’ai envie de faire des stages dans d’autres domaines.
A tous les élèves pour qui le bac est en poche, félicitations c’est grâce à vous. A tous les élèves pour qui le bac est une formalité ou un combat, soyez fier de vous. Faites ce que vous aimez, épanouissez-vous.
A tous ces profs qui prennent du plaisir à détruire des jeunes, je vous plains.
A tous les profs qui accompagnent les jeunes, merci de faire votre métier avec amour.
Bonne journée et bonnes rentrée 🌞
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